Paroisse Sainte Marie de Magdala

Homélie du Père Pierre (Colombani) - dimanche 19 avril 2015 


Ac 3, 1 à 13
1P 2, 21 à 25
Jn 10, 11-16).


Nous pourrions prendre ce passage de l’Evangile de St Jean, nous présentant le bon pasteur, sur un plan pastoral : le bon pasteur est celui qui vient chercher les brebis pour les regrouper. 


Mais, dans ce temps de Pâques, ce bon pasteur signifie que la Résurrection est proposée à tous les hommes, de tous les temps, de toutes les conditions, de tous les continents. Cette proposition de la Résurrection ne peut pas simplement convenir ou être envisagée pour quelques initiés, car ils se diraient chrétiens. Si réellement Christ est ressuscité, c’est toute la création qui doit aller vers cet aboutissement, vers cette régénération. 


Le bon pasteur qui doit aller d’un enclos à un autre, qui ne peut pas se satisfaire de cet enclos, cela veut dire la plénitude de la Résurrection, la totalité, l’infinitude de la Résurrection. 


Dans ce prolongement, la première épître de St Pierre, ne disait pas autre chose, car Pierre vient rappeler que ce Seigneur, qui a été crucifié, est vraiment venu pour racheter l’homme. 


C’est ce qui va se passer pour le paralytique de la belle porte, évoqué dans le passage des Actes des Apôtres. Ce paralytique, c’est chacune, chacun d’entre nous. Ce paralytique qui va être relevé au nom de Jésus, ce ne sont pas les apôtres qui vont le relever, ce n’est pas Pierre, ce n’est pas Jean, mais c’est le Nom de Jésus.


Nous qui traversons des périodes difficiles, et, en ce moment, nous traversons une période difficile pour notre paroisse, nous pourrions dire que tel ou tel membre, tel ou tel diacre, tel ou tel prêtre ne sont pas à la hauteur, nous ne sommes pas à la hauteur, car nous sommes des hommes et des femmes en quête, en cheminement vers une perfection. Seul le Christ Ressuscité est parfait. Si nous voulons promouvoir cette évangélisation de la Bonne Nouvelle, si nous voulons proposer cette nouveauté du Christ, nous ne le pourrons qu’au nom de Jésus. Ainsi il faut nous mettre en retrait pour annoncer, proclamer, le Nom, le seul Nom qui permet cette émergence du mouvement résurrectionnel tout au tour de nous. Ce n’est pas la qualité d’une Eglise ou d’une communauté qui fait la pertinence de ce message, mais c’est le fait de porter le message au-delà de nos limites, de nos difficultés, porter le message car c’est le Saint Nom de Jésus Christ Ressuscité qui permet véritablement l’éclosion d’une nouveauté, d’un monde autre.


Ce tombeau de Pâques, ouvert avec la pierre roulée, est véritablement l’illustration de ce qui nous est proposé.
Ainsi, plus que nos croyances et dogmatismes, plus que nos traditions et rituels, le Seigneur nous propose d’entrer dans ce chemin et de prononcer son Saint Nom pour que, par l’Esprit du Père, nous puissions aller et faire en sorte que toutes les vieilles humanités s’écroulent, et émerge ainsi l’Homme nouveau, l’Adam Nouveau, celui qui est attendu depuis la nuit des temps par le Père.


Ainsi, le Logos, le Verbe fait chair, venu en ce monde, est venu ensemencer en nous cette capacité à dire ce Saint Nom par lequel tout sera bouleversé.


Ce n’est donc pas ma qualité de chrétien qui fait la valeur de la Bonne Nouvelle, mais ce qui m’est demandé en tant que chrétien, qui que je sois, quoique je vive, c’est de prononcer ce Saint Nom. 


La prononciation du Saint Nom, cela commence dans la prière. Comment prions-nous le Saint Nom de Jésus le Christ pour nous laisser innerver de sa présence, Lui le Ressuscité, qui peu à peu nous ressuscite.


Ce Saint Nom nous le portons ensuite dans les Saints Dons du pain et du vin, qui deviennent son Corps, son Sang et par lesquels, nourris, nous pouvons aller au-delà de notre finitude et dire oui, nous en témoignons, Il est ressuscité, car nous, tellement faillibles, nous pouvons aller au delà de nous mêmes.


Nous pouvons encore retrouver ce Saint Nom dans la prière incessante, cette prière du cœur, cette prière par laquelle nous allons nous laisser pétrir peu à peu du Nom de Jésus qui fait que tout à coup , que nous nous appelions comme ceci ou comme cela, nous devenons l’autre nom, celui de notre baptême, de notre régénération, celui que nous avions oublié, celui qui, tout à coup, nous met sur ce sens du chemin, chemin où nous retrouvons Celui qui nous dit, «Moi le Christ, le Ressuscité, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».


Enfin, cette dimension du Saint Nom par lequel nous pouvons être relevés les uns les autres, nous le retrouvons dans le sacrement de Confession, non pas pour nous délecter dans un mal en terme de culpabilité, mais pour dire « ma vie, je te la dépose, et dans cette vie, je me laisse habiter par Toi ; comme tu T’es retiré du monde pour que j’émerge, je me retire de mon monde pour que Tu émerges et dans ce retirement, c’est Toi qui vis».


Ainsi, le paralytique de la belle porte, cela devient chacun et chacune d’entre nous, qui peut se relever parce qu’il aura été appelé au nom du Saint Nom.


Nous devons nous appeler les uns les autres et dans cette proclamation devenir l’Eglise qui le dit avec force depuis deux mille ans « Christ est Ressuscité, en vérité Il est Ressuscité. Alléluia. »