Paroisse Sainte Marie de Magdala

Homélie du Père Pierre (Colombani) - samedi 23 novembre 2013

2ème dimanche de l'Avent


            Deuxième dimanche du temps de l’Avent. Et cette belle figure de Jean le Baptiste qui nous indique qu’il faut préparer les chemins du Seigneur en écoutant cette voix du prophète Isaïe.

 

            Frères et sœurs, à l’écoute de Jean le Baptiste, lui qui nous parle de ce baptême dans l’eau qui ne fait que préparer le baptême dans l’Esprit Saint que va nous proposer Jésus. Oui, en écoutant St Jean le Baptise ce soir, puissions nous entendre que nous sommes invités, les uns les autres, à nous replonger, en ce temps de l’Avent, dans notre propre baptême. Que faisons-nous de notre baptême ?

Le baptême n’étant pas simplement un rituel, un sacrement, mais le baptême étant tout un chemin de vie, un chemin de transformation, de transmutation. Nous avons entendu le prophète Jérémie dire ces paroles inspirées, qui en réalité sont celles de Dieu qui ne fait que passer comme le héraut de la Parole « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ».

            Etre de Dieu et être de son peuple, n’est-ce pas finalement entrer dans ce temps du baptême, c’est-à-dire ce temps d’une transformation intérieure où nous devons réunir toutes nos polarités intérieures, tout ce qui pourrait être cause de divisions pour finalement accéder à la dimension du Divin. Etre du peuple de Dieu, c’est être dans ce processus, où toute notre existence se met en mouvement, en marche vers ce Seigneur, vers cette étoile  de Bethléem qui brillera dans la nuit de Noël. Oui le peuple de Dieu est en marche, pas simplement dans  une quantité extérieure, mais dans notre quantité intérieure, tout ce que nous sommes, notre vie conjugale, notre vie familiale, notre vie professionnelle, notre vie amicale, notre vie émotionnelle, notre vie de santé, notre vie intellectuelle, tout ce que nous sommes se met en mouvement vers ce Seigneur. Peuple de Dieu en marche. « Vous serez mon peuple ». « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu », Et là tout à coup, tout ce mouvement qui se met en marche en nous pour accéder à un Divin, c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus haut en nous, c’est-à-dire la dimension de la dignité. Etre un être vivant, être un être debout, être un être en capacité de pouvoir  promouvoir la vie autour de soi. C’est cela le sens du baptême que nous avons reçu en Jésus Christ par l’eau et par l’Esprit.

            Aussi ce temps de l’Avent, nous devons l’entendre comme ce temps  privilégié où nous allons passer de la chair à l’Esprit. Saint Paul nous dit : « quittez le monde de la chair ». N’entendons pas cela comme le monde de la sexualité, mais le monde de la chair, c’est le monde de l’homme qui se vit en dehors du Divin, de l’homme qui se vit en dehors de cette dignité, de l’homme qui se vit en dehors de cette plénitude. Or, nous sommes appelés à la plénitude, à la hauteur, à la dignité. Etre capable de faire en sorte que la relation à son enfant, à son parent, à son conjoint, devienne plus grande, plus haute que nos ressentiments, que nos blessures, qui feraient que nous serions toujours dans des positionnements de refus, de loi du talion, et si nous vivons ainsi à notre mesure, alors le monde sera à la mesure de cet amour, car pour transformer le monde dans le Royaume de Dieu, il nous faut nous-mêmes être transformés.

            Ce deuxième dimanche du temps de l’Avent, que nous célébrons ce soir, est un temps  privilégié qui nous ramène à cette question : que fais-tu  de ton baptême ? Que fais tu de cette transformation intérieure ? Es-tu réellement en quête de ton Christ ou es-tu simplement  dans une habitude du temps où la foi n’est qu’un habillage culturel ? Cette question doit nous tarauder afin que nous arrivions  à la fête de Noël, mes amis, dans la jeunesse de l’esprit, dans ce désir fou d’être cet être nouveau, cet être  rajeuni par le feu de l’Esprit. Oui Saint Matthieu, dans son Evangile, nous dit que Jean le Baptiste se nourrissait de presque rien, une façon de nous dire : arrêtons de nous nourrir de toutes nos illusions, extérieures, allons à l’essentiel, pour viser réellement cette crèche de Noël, pour viser réellement  cette étoile  de Bethléem, pour viser réellement cet homme nouveau  qui doit naître en nous. Car Noël ne sera pas simplement la naissance de l’Enfant Jésus, mais à travers lui, c’est la naissance de nous-mêmes, la naissance  de l’enfant intérieur qui crie en nous. Que nous soyons jeunes, que nous soyons vieux, que nous soyons au début du chemin existentiel ou à la fin, que nous ayons une santé physique ou que nous soyons défaillants, que nous soyons fatigués par le chemin ou au contraire pleins d’espérance. Peu importe, il nous faut retrouver cet enfant intérieur, cet enfant qui crie, qui aspire à naître et à faire en sorte que la chair soit délaissée et que soit réalisé cet être en plénitude, cet être de l’Esprit, cet  être pneumatique, cet être nouveau, cet être insufflé.

            Puissions-nous vivre ce deuxième dimanche du temps de l’Avent dans cette interrogation, dans ce désir profond.  Et au travers de l’Eucharistie que nous allons recevoir,  au travers  de la  prière que nous allons faire, alors, oui réellement  nous allons pouvoir goûter aux prémices de ce que nous sommes, pour un  jour,  être en Dieu .

            Frères et sœurs, prions pour vivre ainsi ce temps de l’Avent et nous serons capables d’aplanir le chemin du Seigneur, rendre droit ses sentiers,  et notre cœur sera brûlant à l’écoute de sa Parole.

Amen