Paroisse Sainte Marie de Magdala

Homélie du Père Daniel (Bellanger) - dimanche 25 août 2013 


Qo 3, 1-15

Ga 5, 16-24

Mt 6, 24-34


Dans cette première lecture du livre du Qohéleth ou de l’Ecclésiaste, le sens de ce mot n’est pas sûr, il peut signifier « celui qui parle dans l’assemblée », ou « celui qui préside l’assemblée ».

Il est employé ici de façon symbolique (Fils de David, roi à Jérusalem). Ces précisions ne peuvent renvoyer ici qu’à Salomon sous l’autorité duquel le livre est placé.

Nous avons entendu dans ce texte qu’il y a un moment pour tout, un temps pour chaque chose sous le ciel (un temps pour enfanter, et un temps pour mourir). Voilà dans le temps, en fin d’été, un temps où nous étions en vacances ; nous avons accueilli nos parents, nos enfants, nos amis et nos rencontres. Mais nous avons aussi été accueillis par l’autre, nous nous sommes déplacés, nous nous sommes rendus vacants, pour parler, réfléchir, et nous nous retrouvons pour échanger, et parfois il a fallu nous appauvrir : mourir à des certitudes, des à priori, et nous enrichir de nos rencontres les uns les autres, pour pouvoir enfanter, dans ce temps, où nous allons reprendre et faire notre rentrée, dans ce temps qui se présente comme un don.

Ensuite nous avons entendu dans l’épître de Saint Paul au Galates que la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit, et l’Esprit à la chair. C’est l’antagonisme chair / Esprit.

Ainsi Saint Paul nous dit, lui qui a vécu dans un temps où la vie autour de lui ressemble fortement à ce que nous vivons en ce moment, « Ne faites pas ce que vous voulez, mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la loi ». Entendons des livres de la Loi, conduits par l’Esprit. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit.

Nous avons entendu dans l’Évangile d’aujourd’hui ce premier passage que tout le monde connaît bien : ou dieu ou l’argent, vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. Pour compléter ce passage très court, reportons-nous en Luc sur les réflexions de l’argent trompeur et de bien véritable. La parabole de Jésus nous dit « Eh bien ! Moi, je vous dis : faites-vous des amis avec l’argent trompeur pour qu’une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ».

Dans le deuxième passage de l’Évangile nous avons entendu aussi « Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (Matthieu 6, 25).

Il ne faudrait pas en conclure trop rapidement qu’on peut vivre sans se préoccuper de ces considérations matérielles. Ce serait aller un peu vite de dire qu’on peut vivre sans nourriture et qu’on peut se passer de vêtements.  Mais le Seigneur remet les choses à leur juste place : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront donnés par surcroît » (Matthieu 6, 33). Toutes ces choses bien sûr sont nécessaires. Allez dire à ceux qui n’ont rien, qui sont démunis, qui n’ont pas de quoi se loger, allez leur dire que tout cela ne sert à rien. On ne peut évidemment pas leur dire cela. Ces besoins matériels vitaux doivent être pris au sérieux, nous en avons la responsabilité pour nous-mêmes et aussi pour les autres. Dieu sait que cela est nécessaire, et il nous donne beaucoup et nous avons à gérer tout ce qu’Il nous donne.

Mais notre première préoccupation doit être le royaume de Dieu et sa justice. Le Seigneur précise bien : chercher premièrement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’autre, mais la quête du royaume de Dieu et de sa justice doit venir en premier. Saint Paul, dans un autre passage nous dit : « Le royaume de Dieu n'est pas le manger et le boire : Il est Justice, Paie et Joie dans l'Esprit Saint » (Romain 14, 17).

Alors, pour entrer dans cette perspective, il convient de nous convertir, de changer notre regard, d’orienter notre regard. C’est pourquoi, dans l’Évangile aujourd’hui, le Seigneur commence par dire : « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent ». Il parle de celui qui est digne de confiance ou fidèle ; celui qui est digne pour une toute petite affaire est digne de confiance aussi une grande, mais il s’agit aussi d’autre chose. Car qu’est-ce qui est notre guide ? Qu’est-ce qui éclaire notre vie ? Qu’est-ce qui nous donne le discernement ? C’est la foi.

Dans cette perspective, les vêtements dont parle le Seigneur ne sont plus seulement une nécessité pour protéger du froid, ou de la chaleur, ou pour la protection de la pudeur, qui est un notre aspect important du vêtement. Mais le vêtement est aussi symbole, il signifie quelque chose. D’ailleurs ceux qui font la mode savent bien que les vêtements sont moins conçus pour protéger des effets du climat que pour paraître. Alors évidemment, dans la mode il y a beaucoup de vanité et de futilité. Mais malgré tout, les vêtements ont aussi cette fonction de représenter, de signifier. C’est pourquoi le Seigneur nous dit : « considérez comment croissent les lys dans les champs : ils ne travaillent ni ne filent, cependant je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtue comme l’un d’eux » (Matthieu 6, 28-29).Le seigneur parle des fleurs, de la beauté des lys dans les champs comme d’un vêtement. Ce vêtement de beauté a donc une signification : il est une image de la gloire de Dieu.

Pour le roi, c’est clair, le vêtement est un symbole de sa fonction, de son prestige et de sa gloire. Mais la gloire de Salomon n’est rien à côté de la gloire de Dieu. Or, pour nous aussi, le vêtement doit être une image. Lorsque nous sommes baptisés, on se revêt d’une robe blanche : c’est pour signifier que, à l’origine, l’Homme était revêtu de lumière, et le vêtement qui lui est destiné dans le royaume est un vêtement de lumière. Les Pères, en effet, disent que dans le paradis Adam n’était pas nu: il était revêtu de lumière, de la lumière incréée.  « Vous tous qui avaient été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ » dit Saint Paul (Galates 3, 27). Et dans la parabole des invités aux noces, pour entrer dans la salle du banquet, qui est une image du royaume, il faut avoir le vêtement qui convient (Matthieu 22, 11). De même, si les célébrants portent des vêtements liturgiques somptueux, ce n’est pas pour en tirer une gloire personnelle, c’est pour être l’image du vêtement de lumière, et de gloire ; la gloire de Dieu est un motif d’espérance pour nous. Cependant cette espérance ne nous met pas à l’abri des afflictions.

Voilà j’ai parlé de toutes ces choses qui sont liées, et qui sont des réalités du royaume de Dieu, du royaume de Dieu qui nous est déjà acquis par le Seigneur. Mais, encore une fois, ce qui nous est donné par le seigneur, il nous appartient de le désirer, il nous appartient de désirer ces dons que produisent leur effet.

Que le royaume de Dieu, sa justice et sa gloire soient donc notre première préoccupation. 

Amen.