Paroisse Sainte Marie de Magdala

Homélie du Père Pierre (Colombani) - dimanche 7 décembre 2014


4ème dimanche de l’Avent

Mt 11, 2-15
Isaïe 54, 1-5
1Th 2, 19-20


Mes amis, Quel lien pouvons-nous faire entre la figure de Jean le Baptiste et celle de Marie ? 


Apparemment, tout les oppose, puisque Jean est ce prophète infatigable qui va proclamer la conversion avec fougue, vigueur, appelant une une certaine aridité. Au contraire, Marie, c’est la douceur, c’est la compassion, c’est la bonté.


Mettre dans ce temps de l’Avent ces deux figures en synopse, en parallèle, peut sembler étonnant. Et pourtant ?
Il y a un lien profond. Jean, comme Marie, sont ceux qui vont préparer le chemin du Seigneur.


Nous avons besoin de ces deux figures pour entrer dans le Royaume.


La figure de Jean est celle qui va ébranler les consciences, qui va annoncer à temps et à contre temps le Royaume à partir de la loi, en disant qu’il faut être cohérent entre ce que nous disons croire et notre façon de vivre. Quand Jean fera poser la question à Jésus, par ses apôtres, « Es-tu celui qui doit venir ? » La réponse de Jésus vient comme confirmer tout ce que Jean pouvait annoncer, proclamer. Jésus disant « les aveugles voient, les boîteux marchent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, les morts ressuscitent », autrement dit, tout à coup, ceux qui sont vraiment saisis par le Seigneur, ne sont pas de simples croyants en extériorité, mais ils sont dans un saisissement qui les retourne, les remodèle, et qui ouvre un chemin autre pour eux. Car, mes amis, avoir la foi au Christ, ce n’est pas une simple croyance religieuse, mais c’est être dans une régénération profonde dans sa façon de vivre : la vie conjugale, familiale, professionnelle, relationnelle. Quelque soit la nature de cette vie, tout est transformé. Aller à la rencontre du Seigneur, c’est accueillir ce souffle qui nous met dans la nouveauté, dans la contemplation dans l’émerveillement, que, malgré les vicissitudes du temps, malgré les difficultés, nous sommes appelés à la vie, à être dans la vie debout, dignes, malgré les obstacles du chemin. Oui, c’est ce que proclamait Jean avec fougue et c'est à cela que va répondre Jésus.


Marie, elle aussi va préparer la venue du Seigneur en accueillant la proclamation de l’Ange. Elle le fera dans la douceur, car, dans le propos de Jésus, il y a quelque chose d’étonnant, qui nous dit que, dans tout le mouvement prophétique qui aboutit à Jean le Baptiste, le royaume a été comme arraché par la violence. Mais à partir du moment où on entre dans le Royaume, même Jean, tout en étant le plus grand, devient le plus petit, car, désormais, l’entrée dans le royaume ne se fait pas par l’arrachement, la violence, mais se fait par la douceur de l’accueil de l’Ange, autrement dit, l’accueil de la grâce. C’est une nouveauté que va inaugurer Marie. Marie est le prototype de la nouvelle humanité, elle est celle qui nous fait entrer dans le sens profond de l’Eglise , car, bien sûr, Jean a raison de nous secouer dans la foi, mais combien parfois, nous sommes épuisés, fatigués, désespérés par le chemin de nos histoires. Dans les moments où nous n’en pouvons plus, où nous pourrions nous désespérer, alors cette figure de Marie vient nous faire entendre que, désormais, l’entrée dans le Royaume ne passe pas seulement par nos propres charismes, nos propres talents, capacités, mais par le fait de vivre cette humilité de dire : Seigneur, sauve moi, et par l’accueil de la grâce de l’Esprit, se laisser transformer. Je ne sais pas toujours prier, agir à la mesure de ce que tu me demandes, je ne sais pas toujours être digne, tel que tu le souhaites, ô mon Seigneur, mais par l’accueil de ton souffle, le Saint Esprit, alors oui, comme les mages, je pourrai me mettre en marche, comme les bergers dans la nuit de Noël, je pourrai accueillir l’impossible, car ce n’est plus mon humanité qui pourra m’ouvrir à Toi, mais c’est Ta présence qui me permettra de t’accueillir.


Aussi ce qui nous est demandé depuis Marie, c’est d’apprendre à prier le Saint Esprit pour demander cette grâce, car le Seigneur prend toujours l’initiative de venir vers nous pour nous relever, nous sauver. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de vivre des choses extraordinaires, mais simplement de reconnaître que sans Lui, sans Dieu nous ne pouvons pas.
Aussi, dans ce quatrième dimanche du temps de l’Avent, ces deux figures de Jean le Baptiste et de Marie, viennent nous soutenir dans ce chemin de l’espérance. C’est ce que disait St Paul, dans sa première épître aux Thessaloniciens, oui nous avons confiance en vous, oui Seigneur tu as confiance en nous parce que tu sais que nous sommes capables de t’accueillir par ton souffle.


Comme Isaïe, nous pourrons chanter Sion, la Jérusalem, la nouvelle épousée, celle qui se laisse prendre à nouveau, car rien n’est impossible à Dieu. On peut avoir connu l’échec dans son mariage, le doute devant la mort, on a pu avoir des moments de frémissement devant la douleur. Et pourtant, nous pouvons tous nous relever, tous retrouver le chemin de la rédemption.
C’est cela, dans le temps de l’Avent, que nous proclamons, l’espérance de Celui qui vient et qui nous remet dans le mouvement de la vie. Seigneur, oui avec Marie, nous redisons : tu fis pour nous de grandes merveilles, Saint est ton Nom. Amen