Paroisse Sainte Marie de Magdala

Homélie du Père Pierre (Colombani) - dimanche 16 novembre 2014


1er dimanche de l’Avent


Comme je l’indiquais en ouvrant cette liturgie, nous sommes dans le 1er dimanche du temps de l’Avent, qui signifie la quête de Dieu.


A l’occasion de ce temps liturgique qui nous met en fête, nous sommes creusés dans cette question que pose Jésus aux disciples de Jean, qui viennent le questionner « Où demeures-tu ? » Et Il leur demande : « Que cherchez vous ? »


C’est une question que nous pouvons entendre ce matin « Que cherchons-nous ? » Que cherchons-nous dans notre vie, car il ne suffit pas de dire : je crois, mais réellement pour être dans cette foi en Dieu, nous devons être dans une recherche, dans une recherche de Lui. Quand Jésus dit : " que cherchez -vous ?", il vient profondément interroger nos actes, nos intentions, nos projets, notre façon de nous situer sur le plan conjugal, familial, amical, professionnel, relationnel, quels que soient les lieux de nos existences, que cherches-tu profondément ?


Cherches-tu réellement ce Seigneur ? Car se préparer à la fête de Noël, c’est se préparer symboliquement à la venue du Christ parmi nous, l’Emmanuel, Celui que nous célébrerons le 25 décembre. Cet Emmanuel, ce Dieu parmi nous, n’est réellement parmi nous que si nous en avons la conscience. Ce temps de l’Avent est ce temps qui vient creuser notre conscience. Que cherchons-nous ? Avons-nous le désir de ce Seigneur, le scrutons-nous dans le visage de l’aimé, dans le visage de l’enfant, dans le visage du père, de la mère ? 


En priant ce matin pour Baptistin, pour Francine, comprenons que cette question – que cherchez -vous ?- se pose à nous ici-bas et se pose aussi là-haut dans ce qu’on appelle l’au-delà, parce que tous nous sommes dans un processus d’avènement, d’avancée, d’une clairvoyance qui peu à peu s’établit et nous permet de dire « oui Seigneur, tu es là, je te reconnais». Ce temps de l’Avent vient donc nous préparer à l’acte de foi, qu’il ne s’agit pas de réduire à une confession catéchétique, j’ai appris que Dieu existe, que Jésus est venu et je le répète comme un enfant qui répète une leçon. Il s’agit réellement de vivre cette relation, de vivre cette rencontre et de contempler cette Présence.


Comment pourrions-nous contempler cette Présence si nous sommes des êtres habitués ?


Dans son épître, St Jacques parle de la patience. La patience, ce n’est pas simplement de se dire : j’attends, et dans cette attente, un jour peut-être, il se passera quelque chose, mais la patience c’est l’espérance, c'est cette conviction que, peu à peu, se dessine sous mes yeux cette Présence.


Souvent, dans l’économie chrétienne, c’est-à-dire dans la révélation chrétienne, on parle de mystère. Le mystère veut dire dévoilement. La patience est un dévoilement, c’est-à-dire qu’à la question : que cherchez -vous ? que cherches-tu ? peu à peu, répondant, j’apprends à te reconnaître mon Seigneur au travers de mon époux, de mon conjoint, de mon enfant, de celui-ci ou celle-là. Et dans cette reconnaissance, je vais pouvoir décliner le pardon, la paix, la justice, non pas par philosophie, non par tolérance, mais parce que je te reconnais et que dans cette reconnaissance, tu m’apprends les mots du Royaume du Père.
Pour cela, si nous voulons véritablement entrer dans cette relation, dans cette rencontre, dans cette reconnaissance, dans cette réponse à l’appel, tel que Nathanaël va l’entendre, " avant même que Philippe ne t’appelât, je t’ai vu sous le figuier," (le figuier qui nous rappelle l’arbre de vie de l’Eden). " Avant même cela je t'ai vu." Oui nous avons été vus par le Seigneur, il nous a appelés, nous sommes tous appelés, nous pouvons alors répondre à cette question : Que cherches-tu ? Que cherchons-nous ? Sommes-nous dans une quête ? Mais pour qu’il y ait recherche, quête, encore faut-il que nous mettions des bûches, du bois dans le feu de notre foi.


Que cherchons-nous ? Je ne peux pas chercher le Seigneur si je ne prends pas le temps de prier. La prière, ce ne sont pas quelques formules répétitives, mais ce temps où je m’arrache de tous mes conditionnements, des habitudes, de la télévision, de l’internet, de la lecture, de cette relation facile avec l’autre, je m'arrache de tous mes projets, pour être dans ce temps gratuit, face à Lui, et dire : Seigneur, me voici. 


Me voici, comme l’a dit le prophète Isaïe, dans la première lecture, me voici dans cette présence consciente et là, dans cette présence, je peux entendre que ma quête n’est pas vaine, mais que, si je peux vivre, c’est parce que je me sais appelé, choisi, envoyé. Notre mission n’est pas, mes amis, de brandir un drapeau et dire : je suis chrétien, mais c’est de se savoir habité de ce Seigneur et de vouloir le propager autour de nous, de le partager autour de nous, de vouloir en vivre avec l’autre. Ce temps, " me voici Seigneur, que cherches-tu ?" Je Te cherche, et dans ma recherche, je suis là présent, à toi, avec Toi, je me suis arraché de tous mes lieux de vie pour être en vie avec Toi, là présent.


Le temps de l’Avent n’aura aucun sens si nous ne nous laissons pas apprivoiser dans cet espace de la rencontre, dans la tente de la rencontre, ce lieu qui n’est pas un lieu, mais un espace d’être.


Il y a un deuxième espace, la méditation. Prendre, ne serait-ce que cinq minutes dans la semaine et choisir un verset de l’Ecriture sur lequel nous allons méditer ( l’Evangile du dimanche par exemple), un verset qui nous rappelle que ces paroles ne sont pas des mots, elles ne sont pas l’expression d’un vieux parchemin, mais ces paroles ont été inspirées. Même si on peut expliquer par les exégètes qu’il y a eu tel ou tel auteur, ces paroles ont été inspirées, nous le croyons dans la foi. Si elles ont été inspirées par l’Esprit, insufflées, alors je les accueille, je les fais miennes, je les manduque, je les mâche pour devenir cette présence de la Parole qui ne soit plus extériorité, mais qui vienne m'embraser de l’intérieur; et que le Christ ne soit plus seulement Jésus, mais, à la suite de Jésus, que je sois moi-même Christ, Christ ressuscité, présent, incarné. " Que cherches-tu ?" Je te cherche, mon Seigneur dans la prière, dans cette méditation de l’Ecriture.


Enfin, ce temps de l’Avent nous interroge sur notre manière de vivre l’Eucharistie, la Messe, pas simplement assister à une liturgie, à un rite, à une célébration, mais prendre conscience que ce pain, ce vin, qui vont devenir le corps et le sang, c’est notre personne, individuelle, communautaire, nous allons être soulevés au dessus de nos corporéités pour entrer dans la corporéité divine. Bien que je sois rien, que je sois pécheur, bien que je sois minable, malgré toute ma finitude, je suis invité à entrer dans ce processus de déification qui est l'annonce de la résurrection, car la résurrection ce n'est pas simplement la victoire de la vie sur la mort, mais c'est la victoire du divin sur l'humain, un humain qui se croirait corseté sur lui-même, alors qu'il est fait pour l'expansion, la complexification, l'infinitude. C'est tout cela que nous croyons, c'est à cela qu’il nous faut répondre, c’est cela que nous cherchons, tel est le sens de notre quête, tel est le sens de ce que nous partageons avec ceux que nous disons être partis, comme Baptistin, comme Francine. Quand nous prions pour nos êtres chers, soyons dans cette conviction de la quête en Dieu. Alors notre vie prend tout son sens, nous serons des êtres heureux et nous n’oublierons pas certes qu’il y a la maladie, le chômage, la violence, mais dans tous ces maux que traverse l’humanité, nous serons plus que cela, mus par une force qui vient d’en haut et nous fait dire que l’homme est plus grand que toutes ses erreurs et qu’il est appelé à un autrement d’être.


Alors mes amis, en avant, entrons dans ce temps de l’Avent, cherchons cette étoile de Noël, et soyons des êtres debout, ressuscités, pleins de cet Esprit de Dieu qui nous dit : le monde est beau, car je vous l’ai confié. Qu’en faites-vous ?
Nous voici Seigneur, nous sommes prêts pour te répondre, car l’Emmanuel, c’est chacune et chacun de nous, en mouvement vers toi. Alléluia.