Paroisse Sainte Marie de Magdala

Un espace ouvert à tous à Toulon

"Entrons dans l'Espérance" - Janvier 2013

Voici venu le temps des vœux, chacun souhaitant que 2013 apporte ce que l’année précédente n’a pu réaliser... Certes, mais l’écoulement du temps ne se mesure pas au nombre des mois ou des années. Notre histoire s’inscrit dans un appel irrépressible auquel nous devons répondre avec radicalité, et qui ne se limite à aucun cycle. 

C’est l’appel venu depuis les premiers soubresauts de l’histoire, appel à la vie, appel que Dieu fait à l’homme. Comment allons-nous y répondre au cours des prochaines semaines, des prochains mois, dans un monde en plein tumulte ? Telle est la vraie question. Dire cela, c’est simultanément faire mémoire de la Présence divine parmi nous, l’Emmanuel, que nous avons célébré ces jours-ci. Par conséquent, tous les vœux du monde ne pourront faire l’économie de la foi en l’histoire, comme habitée par le souffle divin. Ainsi, chaque événement devient le temps épiphanique, c’est-à-dire, le moment où l’apparence ne dit pas tout de l’être. Car chaque situation reflète une dimension plus large, plus haute, plus dense, où la signification de la vie s’inscrit dans un dialogue entre le monde d’en haut et celui d’ici-bas. Pour aborder cette période particulièrement difficile, en termes de crise socio-économique, de découragement, de peur du lendemain, comment ne pas faire mémoire d’une telle foi qui, loin de conduire à anesthésier les consciences, pose, bien au contraire, l’immense question du sens de notre chemin existentiel ? 

Il ne s’agit pas de rêver d’un autre monde, d’une autre réalité, mais d’appréhender ce qui survient dans l’horizon de l’Espérance. Dieu n’est pas une idée, une sorte d’abstraction, une énergie fugace, ou bien le résultat d’un processus moral procurant la stabilité d’un ordre établi. Dieu est la Personne Vivante, Tout Autre, de qui tout provient et qui inscrit notre mouvement existentiel dans une marche vers lui. Nous étions placés dans un exil par une pratique imprudente de notre liberté. Mais il nous invite à harmoniser notre relation à Lui, en assumant le temps comme l’espace de la rencontre. Plutôt que de formuler des vœux pieux, parfois creux, engageons nos pratiques vers le Bien, le Beau, le Bon, et nous ferons alors l’expérience du transcendant. Autrement dit, à la fois nous nous dépasserons et nous tendrons vers les sommets de notre conscience. Couple, famille, emploi, activités, tout en nous appelle à une visitation, dans la lumière, de notre Espérance en la rencontre avec l’ineffable du Divin. C’est bien ce que le message du Christ nous révèle. Célébrer le mystère de l’Incarnation revient à regarder la vie dans une approche non pas optimiste, mais lumineuse. 

Ainsi, tout peut devenir occasion d’entendre l’appel pour mieux y répondre. Gageons que ce défi, si terrible qu’il soit, nous place dans une dynamique et, en cela, l’Espérance ne se caractérise point en une fuite, mais en un combat, le combat de la vie, consistant à répondre à l’Appel. « Où es-tu Adam ? Me voici, Seigneur ! » Cette réponse fait, bien sûr, écho à celle de Marie qui, toute pétrie de sa foi, n’hésita pas à se laisser envahir et saisir par la Présence de l’Ange. Cette expérience numineuse manifeste le sens de notre chemin et qualifie l’Espérance comme l’éblouissement du quotidien en termes d’eschatologie, entendons par là, la fin des Temps. Oui, c’est la fin du temps de l’homme aliéné, engoncé dans l’énigme du hasard, pour entrer dans les temps nouveaux de l’histoire, lieu de communion entre le visible et l’invisible, entre le déjà là et le pas encore, entre l’inaccompli et l’Appel non à l’accomplissement mais à l’avènement, dans une altérité d’un autrement. 

Sainte et heureuse année à tous, pourvu que le chemin de chacun suive les traces des pas de ce mouvement de « l’Au-delà autrement » auquel le Dieu Tout Autre nous convie en Jésus-Christ. 


+ Père Pierre COLOMBANI 

Recteur de la Paroisse Orthodoxe Française St Marie de Magdala à Toulon