Paroisse Sainte Marie de Magdala

Un espace ouvert à tous à Toulon

Message de Monseigneur Martin à l'occasion des 10 ans de la paroisse


Chers amis fidèles, chers frères et sœurs en Christ,


Dix ans, déjà, se sont écoulés depuis l’inauguration, par Mgr Vigile, de votre belle chapelle dédiée à sainte Marie de Magdala; c’était le dimanche 12 octobre 2003…

Pour marquer ce moment important dans le sein de notre vie ecclésiale, j’aurais vraiment voulu être présent auprès du père Pierre, votre recteur bien-aimé, du père Daniel, votre diacre bien-aimé, des différents membres du clergé mais aussi de vous tous, chers amis, visages pour la grande majorité bien connus qui soutenez tellement pour certains, par votre présence régulière et généreuse, l’œuvre de notre petite Eglise en région provençale…

La date avait été inscrite au feutre noir depuis une année maintenant mais vous le savez sans doute, les évènements des dernières semaines révélant un état d’épuisement que je pressentais sans en mesurer vraiment la portée, m’obligent jusqu’à maintenant à annuler les différents engagements que je devais honorer…

En vérité, au-delà d’une absence physique – et si nous pouvons encore croire que nous sommes séparés les uns des autres dans une vision superficielle de la Réalité, ô combien pouvons-nous nous sentir tellement Un dans la vision globale que nous ouvre, dans les profondeurs du cœur, la Présence de l’Esprit Saint  -, sachez que je suis vraiment avec vous ce matin,

-    d’abord à travers l’amitié indéfectible qui me relie, vous le savez tous, à père Pierre, véritable frère en Christ dont je reconnais tellement la valeur sacerdotale et la générosité de cœur qui accompagnent avec profondeur et vigueur les chemins d’humanité de chacun d’entre nous,

-    ensuite à travers les multiples liens de tendresse spirituelle qui réunissent régulièrement votre paroisse à la paroisse associée au monastère saint Michel,

-    enfin dans la reconnaissance profonde de l’authentique travail accompli par les différentes équipes de la paroisse, ces dernières années…

 

Que pourrait finalement signifier pour votre communauté paroissiale, le rendez-vous particulier qu’elle s’est proposée ce matin ?

D’abord et avant tout, l’évidence « belle, bonne et vraie » de faire œuvre commune à travers la célébration de la Divine Liturgie dominicale et, dans sa continuité, dans le partage fraternel des traditionnelles agapes… Comme une occasion de retracer ensemble en lettres de feu, par notre présence incarnée en Christ, les deux branches de la Croix signifiant l’Eglise à la fois comme lieu de déification et comme lieu de fraternisation de l’Homme…

 

Ceci étant posé, je voudrais maintenant préciser, en guise de collation et en partant des visages de femmes centrales au cœur de l’Evangile, ce que pourraient être trois aspects constitutifs de la mission de l’Eglise…

 

1.    Aujourd’hui est d’abord, un bon jour, pour faire œuvre d’anamnèse dans une ressaisie des évènements forts des dernières années…

J’aime me souvenir, à ce propos, de la parole de l’évangile selon saint Luc décrivant l’œuvre mystérieuse s’accomplissant dans le sein de Marie : « Quant à Marie, elle gardait avec soin toutes ces paroles, les méditant en son cœur » (Luc 2, 19)… La traduction grecque nous rappelle que l’acte silencieux de « garder avec soin » (sunethrei – phonétiquement « sunétéréi » avec le préfixe « sym… ») constitue une œuvre symbolisante fondatrice que nous sommes tous régulièrement invités à accomplir à des moments donnés de l’existence : ressaisir les différents évènements passés de notre vie dans la profondeur du silence pour permettre au corps, à l’âme et à l’esprit de s’ajuster plus harmonieusement ensemble au présent, afin de se rendre, dans un chemin d’unification, plus disponible aux évènements à venir…

N’y aurait-il pas finalement, à l’occasion de cette date anniversaire, la possibilité de vivre collectivement cette œuvre mystérieuse et dans la ressaisie des évènements passés, tenter de s’accorder toujours mieux ensemble afin de se rendre, dans un chemin de pacification relationnelle, plus disponible aux évènements à venir ?

 

2.    Aujourd’hui est aussi un bon jour, pour se souvenir d’un évènement qui pourrait dépeindre le terreau relationnel profond d’un lieu ecclésial : la Visitation de la Vierge Marie à sa parente Elisabeth… Nous passons sans doute trop vite sur ce bouleversant passage d’une rencontre qui met en relation deux mères enceintes et leurs enfants, en montrant une contagion de Vie dans l’Esprit comme rarement dans l’Evangile. Marie, visitée par l’Archange Gabriel, vient de concevoir le Verbe de Dieu en son sein ; sa salutation fait tressaillir l’enfant que porte Elisabeth qui, remplie alors de l’Esprit Saint, pousse un grand cri confirmant la grossesse de Marie. L’âme de Marie exalte alors le Seigneur à travers l’un des cantiques les plus révolutionnaires de l’Evangile : le « Magnificat ». Dans la mystérieuse transmission que vivent ces deux femmes et leur joie de s’entendre être confirmée l’une par l’autre dans l’incroyable dessein de Dieu à leur égard, se joue le sens profond de l’Eglise : se rappeler, se dire ensemble la joie de porter une merveilleuse promesse ; nous sommes enceints d’une Germe capable d’Eternité et l’Eglise devient ultimement le Lieu où nous prenons soin de nos chemins de maternité à travers les sacrements qui y sont conférés mais aussi à travers les sacrements que représentent nos différents visages !

 

3.    Aujourd’hui est enfin un bon jour, pour se rappeler les paroles du Christ ressuscité à Myriam de Magdala, le premier matin d’un ciel nouveau, d’une terre nouvelle…

« Noli me tangere » - « ne me retiens pas », ne cherche pas à me ramener dans les catégories d’avant mais rejoins-moi dans le Nouveau, là où Je t’attends désormais, dans le jamais encore entendu, le jamais encore vu…

Laisse-là les filets des anciennes représentations, des anciennes images, des anciens fonctionnements qui ne peuvent que tomber dans la force du Souffle dont on ne sait d’où Il vient ni où il va…

« Viens et suis-moi » pour se rappeler la vigoureuse exhortation de l’apôtre Pierre dans son épître, à rester des gens de passage et des étrangers au cœur du monde…

Et puis « Va trouver mes frères et dis-leur… »

C’est un bon jour pour se souvenir profondément de sa vocation d’envoyé, d’apôtre du Seigneur… Se rappeler la manière unique et particulière que nous avons chacun et chacune de signifier la Présence, la manière unique et particulière d’incarner l’Amour, la manière unique et particulière de « saler » le monde en lui donnant le bon goût de l’Un…

L’évangile selon saint Luc, dans son chapitre 10, nous rappelle finalement qu’il y aurait comme une prééminence de l’assise dans tout ce chemin de révélation…

« C’est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 42).

Ce n’est qu’en consentant régulièrement à des moments de silence aux pieds du Seigneur (méditation-contemplation) que nous pourrons vraiment entendre l’incroyable promesse de la maternité qui nous a été confiée et dont nous avons à prendre soin dans la fraternité (koinonia) en Eglise, afin de la révéler au monde et de proclamer, de manière ultime, les œuvre de Dieu…

Comment alors ne pas rendre grâce pour tout le travail pastoral accompli autour du père Pierre, par les différentes équipes qui se sont constituées tout au long de ces années :

-    pour honorer la beauté de la liturgie (travail de la chorale avec Gisèle, travail de restauration des icônes de la chapelle avec Joëlle ainsi que l’atelier d’iconographie avec Véra),

-    pour éclairer, vivifier et réchauffer l’intelligence et le cœur à travers la profondeur et la force de tous les enseignements du père Pierre, offerts dans le cadre de différents organismes de formation tels que Koinonia et l’Ecole de Philocalie,

-     pour approfondir l’enracinement dans le service auprès des plus souffrants dans une belle participation au travail de la Diaconie du Var avec le père Daniel,

-     pour accompagner l’accueil des enfants (catéchisme avec Gégé, Maguy…),

-     pour prendre soin et même embellir les locaux, supports ô combien bénis de l’incarnation,

-    pour rendre visible, lisible, l’œuvre offerte à travers la grande qualité des moyens de communications (site internet avec Patrick…)

-     pour permettre une qualité d’accueil dans les locaux paroissiaux (par tout l’apport si précieux de Miette, et le travail de qualité de Monique, la secrétaire et de Marie-Thérèse, la trésorière).

Ce n’est certes pas oublier les luttes, les trahisons, les anathèmes, les départs, les deuils, les difficultés innombrables qui ont émaillé le chemin. Sans regrets du passé et sans peur de l’avenir, que ce beau rendez-vous pastoral nous invite toujours plus à l’Exercice (metanoia) et à la Louange (liturgia)…

Soyez chacun, chacune, infiniment béni(e) sur votre chemin d’accomplissement     

Votre Évêque et Pasteur

+ Mgr Martin