Paroisse Sainte Marie de Magdala

"L'oecuménisme, l'autre nom de l'altérité" - Janvier 2017



Le 31 octobre 2017, les protestants fêteront les 500 ans de la Réforme. Ils feront mémoire de l'événement survenu le 31 octobre 1517, date à laquelle Martin Luther afficha ses 95 thèses contre les indulgences sur la porte de l’église du château de Wittenberg (en Saxe).
En engageant la semaine de l'Unité des Chrétiens, cette date devrait nous rappeler non seulement cette rupture, mais aussi celle survenue entre l'Occident et l'Orient à la fin du premier millénaire, comme toutes les séparations vécues depuis deux mille ans entre les Chrétiens.


Si nous considérons ces événements comme des séparations, nous pouvons alors parler d'un crime contre l'Esprit de l'Évangile qui appelle à l'Amour et à l'Unité.

En revanche, si nous entendons que, dans le sillage de l'enseignement de la tour de Babel, Dieu refuse toutes les formes de totalitarisme qui excluent l'idée d'altérité, alors ne parlons plus d'événements de séparation, mais plutôt de signes envoyés par le ciel, pour obliger les hommes à penser, à vivre la communion, dont le préalable appelle la conscience de la différence.


Le malheur est venu de ce que nous avons envisagé ces différenciations comme des divisions. D'où les guerres de religion, dans un esprit d'intolérance, où chacun défendait une certaine idée de la vérité.


Confesser Jésus-Christ mort et ressuscité aurait du nous conduire, au contraire, à entendre que le vieil Homme appelé à mourir sur la Croix est bien celui de la haine, de la toute puissance, pour laisser surgir l'Homme nouveau, celui qui admet que l'image de Dieu c'est la rencontre entre un homme et une femme. Autrement dit, entre deux êtres différents ! Une pluralité et une altérité...

L'image de Dieu, c'est le fait que d'autres que moi-même existent et qu'ils sont différents de mon attente, de ma vision, de ma vérité.


La vérité du Christ devrait nous conduire à sortir des pièges du dogmatisme et entendre que tous les événements que nous avons traduits comme des séparations, au cours de l'Histoire du Christianisme, étaient en réalité des signes donnés par Dieu pour casser tous nos schémas "babéliques", et nous entraîner vers une conscience d'altérité.


En célébrant la semaine de l'Unité des Chrétiens, revenons donc à cette compréhension de nos différences, dictées par le Dieu de Jésus-Christ, lequel nous éduque à la paix et à l'amour en nous différenciant, pour nous convoquer à l'expérience de la communion.


Alors les Chrétiens seront vraiment porteurs de l'Évangile, c'est-à-dire d'une Bonne Nouvelle, où tous les humains pourront comprendre qu'il n'y a pas d'amour sans différence, pas de vérité sans altérité.

En cette année 2017, ce message devrait résonner de Washington à Moscou, en passant par Ankara et ailleurs. Que vive l'esprit d'altérité un peu partout pour que vive l'Esprit de Dieu dans le monde.

Père Pierre Colombani +