Paroisse Sainte Marie de Magdala

Editorial          Janvier 2016


"La Lumière ne s'éteint pas"


Depuis plusieurs jours, à travers les voeux échangés à propos de la nouvelle année, j'entends des commentaires inquiets, voire angoissés, face à la situation du monde, de celle de l'Europe, de la France, de là où nous vivons. De ces réflexions, émane l'idée selon laquelle la violence semblerait tout emporter et, avec elle, une perte d'humanité laisserait place aux pulsions les plus sordides chez certains, dans les cités ou ailleurs, et que l'on ne doit pas qualifier d'animales, tant ce serait faire injure à l'espèce animale ! 


En effet, la Barbarie des fondamentalistes, mais aussi celle de toutes les racailles, de toutes les petites crapules en tous genres, ne cessent de récupérer la religion pour perpétrer leurs basses besognes. Et, tout cela, dans un contexte aussi de crise économique qui n'en finit pas, avec son lot de chômage de masse qui renvoie à des réalités de vie dramatiques. 


Certains me disent alors que tout ceci ne serait, en réalité, qu'un jeu sur l'échiquier du monde, dont nous serions les pauvres pions et, qu'en arrière fond, se profilerait toute une organisation mondiale qui manipulerait tous les responsables politiques et économiques de la planète et, quoique l'on fasse, nous serions entraînés par des décisions prises dans des cercles très fermés et très opaques... 


Sans posséder d'informations particulières, il est évident que, si l'on prend le temps d'observer les marchés, on ne peut que remarquer le rôle surdimensionné du monde de la finance qui oriente les politiques économiques et sociales sur tous les continents et décide du devenir de toutes nos sociétés, quoique l'on en dise... Alors le tableau est-il si noir ? 


D'une certaine manière, on ne peut pas nier cette réalité, au risque de s'enfermer dans une stratégie de l'évitement. Pour autant, nous pouvons demeurer libres, et ne pas nous considérer comme des objets de je ne sais quelle funeste manipulation qui émanerait de ces élites ou oligarchies obscures. En tout cas, je me sens libre, profondément libre, et rien ne pourra entamer ma condition d'homme libre.

 
En écrivant ces mots, je repense à Nelson Mandela resté incarcéré 27 années durant... une vie ! Et son leitmotiv demeurait toujours le même : "je suis le maître de mon destin". D'autres visages surgissent aussi à ma conscience comme ceux de Gandhi, ou bien de Martin Luther King. 


Mais celui qui éclaire toujours ma vie et me donne la lumière au-delà de toutes les ténèbres, c'est le Christ. Lui seul a su parler de l'Amour comme nul autre, jusqu'à proclamer l'amour des ennemis... Il a ouvert ma vie depuis si longtemps et, comme prêtre, je ne me sens attaché ni à une religion, ni à une morale, ni à une église, mais d'abord, et de façon absolue, à sa Personne. Par lui, je crois en l'Homme, en l'Humanité. Et, quand bien-même nous vivons des temps troublés, Il m'annonce que la force de l'Homme c'est de se diviniser en aimant au-delà de tout. 


Peut-être me trouverez-vous naïf en écrivant cela ? C'est pourtant là le plus grand message délivré à l'Homme depuis la Nuit des Temps. Il n'y a pas de vérité en dehors de l'Amour, pas de rencontre possible avec Dieu, sans l'Amour, pas de projet de société en humanité, sans cet Amour. 


Résonnent à ma mémoire ces mots de Martin Luther King qui déclarait : "Sur certaines positions, la lâcheté pose la question : "Est-ce sans danger ?". L'opportunisme pose la question : "Est-ce politique ?". La vanité pose la question : "Est-ce populaire ?". Mais la conscience pose la question : "Est-ce juste ?". Et il vient un temps, où le vrai disciple de Jésus-Christ doit prendre une position qui n'est, ni sans danger, ni politique, ni populaire, mais il doit la prendre parce qu'elle est juste !".
 J'affirme donc ce qui est juste selon moi : la primauté de l'Amour sur la Barbarie des pommés et sur la manipulation des responsables planqués. Soyons, de la sorte, irradiés de la Lumière venue d'en Haut et qui nous initie encore et toujours à l'exercice de l'Amour dans la déclinaison de l'altérité face à la haine, à la bêtise, et au mensonge. Restons dans cette Espérance et nous serons ainsi des Vivants, à l'image du Vivant !



Père Pierre Colombani +