Paroisse Sainte Marie de Magdala

Jubilé du trentième anniversaire de sacerdoce du Père Pierre

18 Septembre 2016


« Les deux poumons de l’Église »


Le pape Jean-Paul II parlait, au sujet des traditions orientale et occidentale du christianisme en Europe, des « deux poumons de la même Église ». C’est l’expérience dont la paroisse de Sanary, près de Toulon dans le Var, vient de faire mémoire, au travers du jubilé des trente années de sacerdoce du père Pierre (Colombani).


Quinze ans dans le climat catholique romain et quinze ans dans celui du catholicisme orthodoxe occidental. C’est ainsi que le dimanche 18 septembre dernier, en écho à son ordination sacerdotale célébrée le samedi 20 septembre 1986, le père Pierre a fait mémoire de tout ce chemin d’Église. À cette occasion, Mgr Martin en a profité pour consacrer la nouvelle chapelle, St Marie de Magdala, transférée de Toulon à Sanary, depuis le début de cette année 2016. L’Évêque a alors rappelé les liens qui l’unissent à cette paroisse depuis tant d’années, les épreuves vécues par la paroisse au cours des derniers mois par les bouleversements géographiques subis, et surtout l’amitié et la communion pastorale qui le relient au père Pierre.


Dans le sillage du propos épiscopal, les témoignages de Mathieu Léonelli et de Magdeleine Paul ont créé l’émotion. Le premier, comme ami personnel du père Pierre, a évoqué tout le chemin parcouru par ce dernier, depuis son appel au sacerdoce, ressenti dans la cathédrale d’Aix-en-Provence au cours de ses études de Sciences Politiques, jusqu’à son ordination, puis sa soutenance de thèse de doctorat en théologie à l’Institut Catholique de Toulouse, avant sa nomination comme maître de conférence à la Faculté de théologie, et comme directeur du département de théologie sociale. Rappelant aussi ses fonctions de Vicaire épiscopal de Mgr Madec, l’ancien évêque catholique de Fréjus-Toulon, il a égrené ses diverses responsabilités dans le diocèse du Var, avant sa rupture avec cette institution et sa rencontre avec l’Église Orthodoxe Française, notamment en la personne de notre ancien archevêque, Mgr Vigile.


Magdeleine Paul a évoqué, de son côté, tout le cheminement en orthodoxie du père Pierre, avec notamment la création de la paroisse St Marie de Magdala à Toulon, son couronnement avec son épouse Isabelle (professeur d’anglais) et la venue de leurs filles Sara et Lisa. Une évocation qui a ramassé toute la vie de la communauté paroissiale riche de beaucoup de souvenirs et d’événements marquants, sans compter l’investissement théologique du père Pierre dans l’école de philocalie de notre Église, St Jean le Théologien.


Puis ce fut le temps de la célébration de la Divine Liturgie, au cours de laquelle le Père Pierre prononça l’homélie, notamment autour de la parabole de « l’ouvrier de la onzième heure ». Dans l’horizon de cet évangile, le père Pierre insista pour expliquer combien l’appel de Dieu ne résultait pas d’une seule période, mais qu’il se réitérait tout au long de la vie, au travers de la foule des visages rencontrés. Visages divers « où j’ai rencontré Dieu », devait-il dire, visages manifestant « le chemin de Dieu ». En cela, il n’y a pas l’église de Pierre, de Paul, de Jean... mais l’Église du Seigneur, dont les climats peuvent varier, mais dont l’authenticité demeure la même. Le père a alors rappelé qu’ordonné prêtre depuis 1986, il portait depuis lors le même sacerdoce, malgré qu’il dût se plier à une nouvelle consécration, en entrant dans l’orthodoxie, pour y inscrire désormais son épouse Isabelle.


Le mot qui devait culminer dans le propos du père était celui « d’altérité ». L’homme de foi est celui qui confesse la foi de l’Église où, selon l’expression du grand théologien Karl Rahner : « les dogmes sont les réverbères qui éclairent le chemin de la Vérité ».


Par conséquent, entendons qu’il s’agit de garder les grandes définitions données par la Tradition des Pères de l’Église, mais dont la portée ne cesse de trouver de nouvelles déclinaisons. Car si nous avons besoin de la lumière du réverbère pour y voir clair, l’essentiel demeure dans le cheminement vers... Cette tension « vers » est l’histoire de l’altérité qui s’inscrit dans le thème du grand passage que propose le Christ, par le mystère de sa Mort et de sa Résurrection.


Mourir à tous nos a priori, à nos attentes, pour ressusciter à « l’autrement de l’Histoire ». Ce chemin ardu de la Vérité est la définition même de la liberté. Une liberté modestement assumée par notre petite Église, sans prétention aucune, mais pour participer à l’œuvre de Dieu en ce monde et rappeler ainsi que l’Église devra toujours se défier de la tentation de la religion, en tant que système de croyances, pour porter haut l’Évangile du Christ et inviter non à adhérer à des croyances, mais à expérimenter la foi dans le Ressuscité.


Au terme de cette belle journée, des agapes furent partagées avec des fidèles venus très nombreux en cette occasion. La famille, les amis, les paroissiens du père Pierre l’ont largement entouré de leur affection par des musiques, des chants, et le traditionnel gâteau d’anniversaire.


Que la route de l’Église se poursuive encore longtemps à Sanary, comme ailleurs, dans l’inspiration de notre orthodoxie occidentale !


Lien vers l'homélie du père Pierre pour ses 30 ans de sacerdoce...