Dans ces temps de campagnes présidentielles, nous sombrons de plus en plus sous le regard de l'Homme se prenant pour Dieu. L'ego sur-dimensionné apparaît dans ces visages et ces propos de ces candidats à la magistrature suprême. Comme s'ils allaient pouvoir changer la face de la terre... Allons, un peu de modestie !
Je préfère chanter "Christ est Ressuscité". Autrement dit, entrons dans la dimension de la déification qui appelle un dépassement de nous-mêmes, et demande une vie orientée vers le Bien, le Beau, le Bon. Les idéologies politiques ou religieuse sont toujours mortifères, en ce qu'elles prétendent dire la réalité de façon systématique. Or, la vie est un mouvement qui relève de la liberté de chacun en tant que sujet.
En cela, l'éthique est bien plus fondamentale. Elle ne régit pas le monde selon des jugements de valeurs a priori, mais assigne à l'humain le devoir impérieux de répondre à la vie. L'économie, le social, la politique n'ont de sens que s'ils servent à l'édification du Bien Commun. L'éthique est une manière de redonner du sens, en interrogeant les consciences. Cela permet d'éviter les surenchères électoralistes comme les analyses froides des techniciens.
"Qu'as-tu fait de ton frère ?" nous interroge le Christ. Tout part de cette immense question pour nous-mêmes, pour notre vis-à-vis, pour le monde. La Résurrection du Christ indique que l'Homme se grandit quand il quitte l'illusion d'être un maître absolu, pour s'inscrire dans une dimension universelle, laquelle embrasse non seulement l'universalité humaine, mais aussi l'universalité cosmique.
Cette Résurrection, manifestée depuis deux mille ans dans le visage de Jésus, est inscrite depuis les commencements de la création. C'est le processus de la vie qui dépasse les contingences de la mort. Dès lors, l'Espérance ne doit pas nous quitter, et notre responsabilité est de répondre à l'injonction divine qui nous convoque à devenir des vivants avec Lui.
Proclamer la résurrection du Christ devient alors le cri de victoire qui place l'Homme, non dans un rôle de toute puissance, mais dans une fonction de jardinier du monde nouveau à venir. Quittons nos tombeaux et jardinons la création préparée pour nous depuis la nuit des temps par le Tout Autre qui nous dit l'autrement de notre Histoire.
Pierre Colombani